Michel Le Milinaire, né le à Kergrist-Moëlou (Côtes-du-Nord), est un footballeur puis entraîneur français. Il est l'entraîneur emblématique du Stade lavallois. Instituteur puis conseiller pédagogique de l'Éducation nationale, il a été désigné comme meilleur entraîneur français des années 1979 et 1983 selon France Football, et meilleur entraîneur de D2 en 1975.
Michel Le Milinaire | ||
![]() Michel Le Milinaire en 1977 | ||
Biographie | ||
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Nationalité | ![]() |
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Naissance | (91 ans) Kergrist-Moëlou (France) |
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Poste | Milieu de terrain puis entraîneur | |
Parcours senior1 | ||
Années | Club | |
1949-1950 | ![]() |
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1950-1953 | ![]() |
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1953-1959 | ![]() |
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1959-1964 | ![]() |
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1964-1966 | ![]() |
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Équipes entraînées | ||
Années | Équipe | Stats |
1960-1964 | ![]() |
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1964-1968 | ![]() |
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1968-1992 | ![]() | 948 |
1985 | ![]() |
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1993-1996 | ![]() | 127 |
1996-1997 | ![]() |
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1 Compétitions officielles nationales et internationales. |
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Indissociable d'Henri Bisson, président visionnaire et fondateur, il reste à la tête du Stade lavallois pendant 24 années consécutives, ce qui fait de lui le deuxième entraîneur français à la plus grande longévité, derrière Guy Roux, qui vit en lui un modèle pour son accession et son maintien parmi l'élite.
Michel Le Milinaire commence le football au CS Rostrenen[1]. Après des études primaires à l'école communale de son village natal[2] et la participation à plusieurs courses cyclistes dans sa région, il part pour le lycée de Saint-Brieuc, où il choisit définitivement la pratique du football. Il prend alors une licence au Stade briochin[3].
À la fin du lycée, en 1952, il est jeune instituteur au Maroc à l'école musulmane de Fès. Il revient en France en 1953[4], signe une licence au Stade lavallois[5], et est élève à l'École normale d'instituteurs de Laval pendant trois mois, rue de la Maillarderie. En novembre 1953, il fait d'ailleurs partie de l'équipe de football de l'École normale de Laval (le « Normal Star »)[6]. Il effectue ensuite son service militaire au Maroc pendant 27 mois. À son retour en France, il effectue quelques remplacements en tant qu'instituteur.
Il obtient un premier poste à Bouère. Il rejoue alors au Stade lavallois, au poste de milieu de terrain, puis, voyant qu'il n'avait plus sa place en équipe première, opte en 1959 pour le Club athlétique mayennais où il resta cinq ans comme entraîneur-joueur[7] et capitaine[8]. Sollicité par le président Bisson pour revenir au Stade lavallois, il refuse une première fois, s'étant engagé auprès de Claude Leblanc, futur maire de Mayenne. Il accepte la deuxième sollicitation, et revient au Stade lavallois comme entraîneur des jeunes et de la réserve lors de la saison 1964-65[9]. Il évolue également comme défenseur au sein de l'équipe réserve jusqu'en 1966[10].
Homme malin et cultivé, instituteur public, connu pour ses positions de gauche[11], il prend l'équipe première sous ses ordres lors de la saison 1968-1969. C'est l'année lors de laquelle le Stade lavallois dispute la phase finale du championnat de France amateur[12]. Il effectue alors sa journée de travail[13], et le soir, s'occupe de l'entraînement comme les joueurs y compris les anciens professionnels qui travaillent en entreprises, dans les banques[14] ou bien les amateurs, encore étudiants[13].
Dès sa première année comme entraîneur, Laval remporte le titre de champion de l’Ouest[15]. L'équipe commence à faire parler d'elle et démontre qu'elle peut rivaliser avec les grands clubs amateurs sur le plan national[16].
Il change avec le président Henri Bisson la structure du Stade lavallois. Ils feront de ce club l'un des meilleurs de France pendant de nombreuses années, à tel point que la recette mayennaise servira de modèle à l'AJ Auxerre de Guy Roux[17]. Apôtre d'un jeu académique et bien construit[18], il amène Laval en Division 1 en 1976, et en Coupe UEFA en sortant vainqueur notamment de la double confrontation contre le Dynamo Kiev (1-0 à Francis-Le-Basser, 0-0 en URSS).
Du statut amateur, le club est devenu professionnel en 1976. Le Milinaire hésita entre faire le choix de son métier de conseiller pédagogique de l'Éducation nationale et entraîneur professionnel de football[11]. Il n'avait jamais caché son hostilité à une éventuelle accession de son équipe au statut professionnel, statut qui pour lui ne semblait pas compatible avec son idéologie. En 1976, il franchit le pas, cédant aux pressions affectueuses d'Henri Bisson. Il avait alors 45 ans lorsqu'il fit connaissance avec le football de l'échelon le plus élevé. Son adaptation fut facilitée par sa forte personnalité et sa formation d'enseignant[11]. Ne pouvant rester fonctionnaire tout en travaillant dans le privé, Le Milinaire se met en disponibilité de l'Éducation nationale, pour un an d'abord, puis huit ans en réalité, et abandonne de fait l'enseignement[9].
Il assure l'amalgame entre les joueurs issus du centre de formation du club, et des footballeurs parfois mis au ban par de grands clubs, à qui il permet de se relancer (Jacky Vergnes, Raymond Keruzoré[20], Frank Lebœuf[21], etc.). Il réussit le tour de force permanent de conserver son équipe dans l'élite, malgré un effectif chaque année saigné par les grands clubs aux moyens bien supérieurs. Raymond Keruzoré, qui vécut ses plus belles années à Laval, considère Le Milinaire comme l'entraîneur « le plus important » de sa carrière. « Il savait mettre les joueurs dans les meilleures dispositions. C’était un psychologue extraordinaire[22]. »
Considéré comme le président Bisson comme « l'artisan principal de la réussite du Stade lavallois »[23], Michel Le Milinaire est élu meilleur entraîneur du championnat de France de 1re division en 1979 et 1983.
À partir de 1984, l'apparition de l'argent amène une surenchère sur les salaires et les transferts dans le football. Sollicité par la DTN et plusieurs clubs de Division 1[24], il ne quitte pas son poste[25]. Il ne cessera de tirer la sonnette d'alarme pendant les dernières années de son club en Division 1[26]. Le Stade lavallois quitte l'élite du football en 1989[27], un an après la mort de son président historique Henri Bisson.
En 1985 il est désigné sélectionneur de l'équipe de Bretagne, en vue d'un match contre l'Islande, qui n'aura finalement pas lieu[28].
Mis à l'écart de la direction de l'entraînement de l'équipe professionnelle par Jean Py[29] en octobre 1992, il devient directeur technique du club mayennais jusqu'à la fin de la saison[30]. À l'évocation de son départ, Christophe Larcher écrit dans France Football le : « Sa trogne sympathique, sa casquette sur ses mèches blanches, son authenticité, son palmarès : beaucoup n'ont pas admis ce sacrilège, cette entaille à la mémoire ». En mai 1993, il se voit proposer la direction du centre de formation mayennais, mais refuse. Seuls le terrain et le management d'une équipe première l'intéressent[31]. Il se déclare alors publiquement à la recherche d'un club ambitieux de préférence, de D1 si possible[32],[9].
Le 5 juin 1993, il est de retour en Bretagne pour entraîner le Stade rennais. Il le fait monter en Division 1, et l'y maintiendra deux saisons. Il lance en Division 1 de futurs internationaux comme Ousmane Dabo ou Mickaël Silvestre. Jocelyn Gourvennec indique que « Le Milinaire était sans doute le plus fin psychologue que j’ai eu comme entraîneur. Il était très doué pour parler aux joueurs. »[33]. En 1996, atteint par la limite d'âge, il quitte son poste d'entraîneur principal, laissant sa place à son adjoint Yves Colleu[34]. Il en deviendra le conseiller pendant une saison, avant de prendre sa retraite en 1997[35].
En septembre 2012, il intègre l'Assemblée des deux Hermines, comité consultatif nouvellement créé afin d'améliorer l'image et l’ancrage régional et local du Stade rennais[36].
Nommé « entraineur du siècle » du Stade lavallois en 2002[37], il réside toujours à Changé près de Laval. Dans les années 2000 il ne rate aucune rencontre à Le Basser, assiste aux entraînements et aux matches de jeunes[38]. De 2007 à 2010 il fait partie de la cellule de recrutement du club Tango.
Le stade de Renazé, inauguré en 2008, porte son nom[39].
Interrogé en 2013 sur l'évolution du football, il répond : « La société est ainsi faite : on connaît plus facilement le 13e homme du Paris Saint-Germain que le médecin de Villejuif qui sauve des vies. C’est dommage, je trouve. Beaucoup de gens mériteraient une considération plus grande de la part de notre société »[11].
Le magazine France Football lui a décerné trois distinctions :
En 1983, le Rotary Club de Laval l'élit « Mayennais de l'année »[40].
En 2002, les supporters du Stade lavallois l'élisent « entraîneur du siècle[37] ».
Son frère André Le Milinaire (1938-2019), est professeur de lettres et militant socialiste, élu secrétaire fédéral du Parti Socialiste Unifié des Côtes-du-Nord entre 1969 et 1972[41].
Michel Le Milinaire est le grand-père de Martin Mimoun, footballeur professionnel né en 1992, évoluant au poste de milieu de terrain[42].
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